Entre la pharmacie et le café voisin, l'allée 35.
(Porte entre-ouverte) en 1954.
Jeanne Leroy-Allais, la soeur d'Alphonse dans son livre : Alphonse Allais, souvenirs d'enfance et de jeunesse qu'elle publie en 1913, consacre un chapitre (le XX ème) à l'allée 35.
Extrait : Si Alphonse trouva, au laboratoire paternel, un champ d'études à souhait, il y trouva aussi des sujets inépuisables d'observation amusée dont, plus tard, il sut tirer parti.
Il était, il fut toujours populaire dans cette allée 35, pourtant mal famée et qui nous était sévèrement interdite. Nul ne sait d'où lui est venu son nom bizarre. Elle reliait la place de la Grande Fontaine à la grève, desservant notre maison et plusieurs cafés. De ce coté, encore, elle se respectait, et, n'eussent été les passages et les stationnements des voisins suspects, on aurait pu la déclarer irréprochable.
Il n'en était pas de même pour ce qu'on appelait, avec un mépris plein de dégoût "le bas de l'allée". Devant notre laboratoire, elle formait une sorte de cour assez large, puis brusquement s'étranglait, encombrée de balcons de bois, d'escaliers extérieurs, d'encorbellements hasardeux, de ponts suspendus et couverts. Ces constructions, plusieurs fois séculaires et jamais modifiées, étaient à la fois sordides et pittoresques. Les nombreux artistes qui fréquentaient la région ne manquaient pas d'en faire d'intéressantes études, et Karl Daubigny dit un jour à des camarades qu'il y avait amenés : "Avec deux ou trois dromadaires bien posés, tout le monde croirait à un coin de Kasbah".
Alphonse Allais, souvenirs d'enfance et de jeunesse. Jeanne Leroy-Allais. 1913.
Un exemplaire de ce livre (devenu rare) est consultable à la Médiathèque de Honfleur, au Petit musée d'Alphonse. Une copie est consultable aux Archives municipales de Honfleur.